Sabine Huynh

La pièce de l’appartement qui me sert de bureau et qui est aussi la chambre d’amis. Une table de cuisine rectangulaire au plateau noir trouvée à Ikea, jonchée de livres, papier, dossiers, courrier, stylos, lunettes, post-it, presse-papier, cailloux et pinces à linge en bois peint. Une imprimante dans le coin gauche, sous deux petites fenêtres. Un vieux piano droit Euterpe acheté d’occasion chez un accordeur, un canapé-lit, la bibliothèque de poésie et la bibliothèque de linguistique, le gros pouf rose-fuschia de ma fille, où elle s’enfonce pour lire, des photos d’elle et de ma meilleure amie au mur, à côté de portraits de Kafka, de Prévert et d’une copie d’un tableau de Viktor Brauner, « Le poète renaît char éveille l’homme ». La pièce n’est pas grande, malgré tout ce qu’elle contient. Je la trouve chaleureuse et rassérénante.

- vous rêveriez d’écrire :

À nouveau dans une chambre hors de chez moi et qu’on me prêterait dans le cadre d’une résidence d’écriture. J’ai fait ma toute première résidence d’écriture en avril 2019, à la Factorie/Maison de poésie de Normandie. Elle était courte car je ne pouvais pas supporter d’être éloignée de ma fille trop longtemps (elle a à peine huit ans), mais elle était idyllique cependant. L’une des meilleures semaines de ma vie d’écrivain. Aucune obligation à part celle d’écrire et de traduire, le bonheur.

- Vous ne pourriez pas écrire :

Au café ou dans tout lieu public où il y aurait foule. J’ai besoin de calme. Même si je peux écrire si d’autres personnes se trouvent dans l’appartement, il faut au moins qu’elles soient discrètes et que je sois seule dans la pièce où j’écris.

               -Visitez-vous les maisons d’écrivains ? Qu’y cherchez-vous ?

Oui, la dernière en date était celle de Thomas Bernhard, en Autriche. Je crois que j’y ai cherché des signes de sa singularité et de son fantôme.